Pendue en transe aux bras de la raison,
Ma langue dit le cri, l’ailleurs et le chant.
A ses mains se dérobe le temps présent,
Ma langue aux lèvres, est une incantation.
J’appelle ce qui Sera et ce qui Fût
A la croix du sens j’harangue l’horizon
Secrets déclamés au bleu des saisons
A la fontaine des pleines lunes, dans la rue.
Caresse au ventre d’un passé déserté
Ma langue est la lie d’un verbe affamé.
La mémoire en prise aux secrets d’hier
Au rythme du vent sur la peau des pierres.
Ma langue l’écorce d’un vieux volcan,
Ma langue le terreau, le corps et le sang.
Ma langue : baiser au goût de la lutte
Le dire de la solitude et la chute.
Ma langue est la couleur d’un long rébus,
D’une rive à l’autre avec l’inconnu
Un vœu vivant adressé aux étoiles
Dans la nuit des brumes, une autre qui parle.
Texte : Cécile Even

Photo de Manu Apprioual