La mer, tellement grande, si
immense, n’est finalement
nulle part. Et pourtant, miracle,
s’il en est, elle arrive aux côtes.
Et nous la voyons là, elle qui
pourtant vient de si loin, elle
qui pourtant nous est si peu
connue. J’aime la mer, son
mystère plein de vide à remplir,
cette énormité qui nous fait
nous sentir si petit, nous en
retrait dans nos petites vies
imparfaites. Or ce territoire
de l’absolu arrive aussi au bord de
ma ville. Et je le prends comme
une tendresse. Je lui dis dans
mes pensées : « merci mer
de venir jusqu’à moi. Si tu le fais,
si de là-bas tu fais tous ces
efforts pour parvenir jusqu’ici,
c’est sans doute que tu nous
aimes, nous les Brestois. Je ne
sais si nous te méritons tous
à part égale. Mais moi je me
plais à penser que je mérite ton
immensité, celle qui dépasse les
royautés, celle qui va au-delà de
tous les pouvoirs, car je sais
que personne ne peut devenir
maître de toi et que toujours tu
seras maître de nous ». Certes
ma pensée n’est pas aussi
longue en réalité, car déjà
quelque chose attire mon
regard ailleurs : c’est cette
mouette du quai qui se mêle
aux autres en riant.
Texte : Mikel Benoit – Remerciements à Nolwenn Benoit