comme une épingle du jeu
la mer sur les galets
comme napoléon ne l’a jamais osé
comme le maillot de corps du corps
… se retire
comme Jésus sous un olivier
Bouddha sous un figuier
le pénis de la vulve
… se retire
comme la nappe de la table
les draps du lit et la couverture
la voûte céleste du ciel
… se retire
comme la mère de la vie
les stylites au désert
saint Antoine Siméon le lion
les gazelles des pistes de cirque
… se retire
comme un gant de la main, une main d’une autre main
comme quelqu’un de la conversation
le tapis sous nos pieds
le renard en son terrier
… se retire
comme la mer le sable les galets
… se retire
… se retire
Sur l’autrice

Anne Jullien est née à Brest en 1961. (Prix Paul Valéry en 1979). Elle vit actuellement à Porspoder, face à un chapelet d’Îles…
Editions
« Dans la tête du cachalot » 2011 (éd. Asphodèle)
« Flottilles » 2012 (éd.de l’Atlantique)
« les yeux des chiens » 2013 (éd. Asphodèle)
« terminus 2007, énigmes » 2015 (auto-impression)
« Il arrive parfois que mes tableaux me manquent » avec Mathias, peintre 2019 (éd. Le fantôme des hortensias) – réédité en 2021
« L’envol du bœuf » 2019 (Jacques André éditeur)
Chez Cloître Imprimeurs, 2024 – Impressions en tirages limités :
“rochers” (couverture tirée d’un tableau de Mathias-peintre)
“cartes postales : (à la mère) ” (couverture de O. Jullien)
“La vie nue : Poèmes 2016-2022 ” // “Loin le soleil : Poèmes 2010-2015” // “Il y a de l’enfance : Poèmes d’avant 2010 ” (couvertures de O. Jullien)
en revues-papier : Hopala !, Nouveaux délits, Interventions à Haute Voix, Décharge, Les Voleurs de feu, 7 à dire, Comme en poésie, Diérèse, Spered Gouez, Digor, Saraswati…
en revues en ligne : Recours au poème / Herbe folle / Terre à ciel / fepemos
Livres-objets : chez Mots-nomades
Autres
Arbitre de “batteules” de poésie (dans les cafés, les festivals littéraires, en médiathèques à domicile, en collaboration avec la cinémathèque de Bretagne…)
Adhérente à la Maison de la Poésie de Brest depuis 2024
Biographie et bibliographie plus exhaustive à consulter ici :
Magnifique.
Après tous ces retraits, piqués au fil de la plume, au tableau des possibles,
une sorte de contagion communique l’urgence du retrait d’un monde où tout aurait déjà disparu.
Un poème habité d’un drame qui n’en serait pas un ?
Merci pour ce texte
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(et dans le temps de latence qui suit la lecture, un besoin de retrouver la source du mot (et le rôle du RE ?)
tomber sur « Je me suis retiré pour les laisser seuls.« * n’est alors pas un accident, mais fait écho à ce poème incantatoire (?)
*dictionnaire de l’académie française.
Merci, on peut s’amuser
un re/trait c’est une nouvelle trace, un nouveau signe / re/tirer c’est lancer à nouveau le javelot
« re » c’est se retourner pour repartir !