Le corps a t il besoin d’être cartographié,
pour qu’en ses routes on le parcoure
suivant ses pistes incertaines
et ses vaisseaux ouverts
sans sutures apparentes

pour qu’y circule le sang
et les flux qui y palpitent ?
Quel secret s’y dissimule ?

La leçon d’anatomie se continue dans la découpe,
on a tranché les ligaments,détaché les membres
pour comprendre où la mécanique s’organise.
Question de complément d’information,
on se demande où la vie prend son origine.

Le cannibale ne se pose pas la question,
il s’en approprie la matière
pour en faire ses aliments.

L’étal du boucher ne fait pas autrement:
il connaît la fonction des muscles,
et le poids des pièces détachées,
suspendues aux crochets,
estampillées d’un tampon violet.

On a oublié le sacrifice du corps
la viande est sur le marbre
ou en morceaux pré-emballés…

Les parties indigestes mises de côté,
ne sont pas montrées :
mais on pense à utiliser ce qui peut l’être,
le sourire relatif de la tête de porc
ne renvoie pas à la mort

ses os seront broyés en farine
pour nous fournir la gélatine,
du taureau on gardera les oreilles en souvenir…

Texte : René Chabrière