Prends ton pouvoir
C’est un bourdonnement, une sensation qui frétille dans le bas-ventre. Et puis le magma qui monte le long des vertèbres. Une vertèbre après l’autre, un muscle après l’autre, ça chauffe, ça se raidit. Redressement du dos, la nuque bien alignée, les yeux droit devant. Prends ton pouvoir. Prends-le dans ta voix qui porte, dans tes seins qui pointent vers l’horizon, dans tes hanches indomptées. Tu n’écoutes et regardes que ceux qui te nourrissent, tu touches la tendresse avec précision et décision. Prends ton pouvoir. Tu es sur Terre pour gronder, pour rouler tel le tonnerre, pour crier tes faims, tes soifs, tes désirs. Prends ton pouvoir. Pour tes sœurs qui chuchotent, qui doivent éteindre leurs lumières. N’attends pas la nuit où tout se révèle pour rayonner, pour briller, pour fleurir. Fais-le en invoquant les sorcières brûlées, les folles torturées, les magiciennes empoisonnées. Prends ton pouvoir.
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Danseuse
Tu aimes les serpents, le feu, la magie. Tu es bannie dans certains mondes, mais pas dans le mien.
Chuchote, chuchote et pousse le cri. Ta chevelure rampe de désir pour ton corps, l’enlace farouchement pour lui donner joie et force. Reine de ton plaisir, de ton ventre libre, du ciel qui te regarde et t’admire.
Les femmes et les hommes, le monde ont besoin de toi, de ta sensualité, de ta prestance. Les poignets qui dansent, la poitrine abondante et fière, le sexe altier.
Tu as de la merveille vive en toi et tu vibres rouge, passion, exubérance. Ça se sent, ça se reçoit loin dans les tripes, ta puissance qui se déploie, ta présence qui brûle tout. Grandis, grandis, tu es bienvenue dans mon monde, dans notre monde.
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Tendresse
La tendresse est une abeille qui me butine. Elle bourdonne, elle fredonne tout autour de moi et soudain se pose sur mes lèvres. C’est doux, c’est animal, la corolle qui s’ouvre pour te recevoir.
La tendresse est un tango qui tend et s’étire puis relâche son souffle sur mes épaules. Dansons au son des pas enjoués que tu susurres.
Les mains qui tambourinent et réveillent tout le dos, du bas en haut. Ça serpente, ça se faufile dans la moelle, dans les réseaux connectés, reliés, sacrés.
La tendresse des gestes nus et crus qui chatouillent, qui attrapent, qui enserrent. La peau qui hurle sa joie, qui se dresse, qui ronronne.
Tes mains mangent ma raison. Pose-les sur moi et je deviens flammes, femme bouillante, femme-lionne qui a du feu dans les yeux.
Chaleur, grognement, la tendresse exalte, s’étale, prend toute sa place. Faisons l’amour à la Terre, à chaque brin d’herbe, à chaque molécule qui croise notre route. La tendresse est mon avenir, notre avenir.
Sur l’autrice
« Je m’appelle Léna Salaün. Je suis poétesse, j’aime les mots, lire, écrire et surtout incarner oralement mes textes. J’écris depuis l’adolescence, suite à une rencontre avec une formidable professeure de français au lycée, qui m’a fait plonger dans l’œuvre d’Arthur Rimbaud. Depuis ce moment, l’écriture et la poésie ne m’ont pas quittée.
Je suis également passionnée par les questions sur le féminin et aime lire et étudier les contes de » femmes qui courent avec les loups « ,qui est mon livre de chevet depuis une dizaine d’années.
Le spectacle vivant m’attire et me passionne beaucoup .Je participe depuis quelques mois à des scènes ouvertes, où je prends beaucoup de plaisir à être sur scène. »
Votre nom est un homonyme d’une amie très chère et poétesse aussi: seriez-vous parente de Claude?