Blancs muets
L’espace de silence du ciel
du lever du jour jusqu’à sa longue descente
vers la nuit
le langage retenu
les non-dits
l’e dérobé de l’indicible
(la page blanche du souvenir)

*

Blanc virginal
Petites mains pressées
l’aiguille s’affaire sur les voiles gansés
tulles crêpes aubes
ourle faufile
ardente
sous la lampe

*

Cette autre main tachée de plâtre
épurant patiemment la matière
y traçant les lignes de vie
gommant le trait
pour en tirer obstinément
une poussière aveugle inanimée
Blanc repentir

*

Et d’elle au souvenir bien moins
qu’un voile de mariée,
l’épaisseur d’une aile au vent,
la transparence végétale
d’une fleur de printemps
un chant d’oiseau
obstiné
entêtant
Blanc madrigal

Texte : Susanne Derève