Point de départ le harem et le palais
voraces du temps de l’autre empire
où coupoles et arches se livrent
à coup de bacchanales mosaïques
Maintenant c’est la foule des visages du grand bazar
d’humeur à m’étourdir les signes
qu’agrippent tentures et épices
M’extirper
descendre la rue tout droit jusqu’à la Corne d’Or
enjamber les poissons du Bosphore répondant par vagues à mon élan
comme les mouettes au muezzin dans les hauteurs des minarets
De là remonter le sillon foisonnant vers Taksim
je retrouve la foule pusillanime qui m’affole
avant d’englober son tourbillon
urgence de l’esquive par la contre-allée
Passer la porte d’une échoppe
refuge de verre entre étoffes italiennes
et en guise d’offrande
la main noire dans les oreilles qui apaise mes remparts
Les frontières se diluent à l’abri du hasard
quand Altuğ inattendu me parle d’Antonin Artaud
ses mains, son sourire, sa voix croquent mes atermoiements
Altuğ le magnifique
rhapsode byzantin sur le chemin des mots que j’écouterai des heures.
Texte : Arnaud Rivière Kéraval