
Lui
Je suis le narcisse de Saron,
Le lis des vallées.
Comme le lis entre les chardons
telle est ma bien-aimée entre les jeunes filles.
Elle
Comme le pommier parmi les arbres du verger,
tel est mon bien-aimé entre les jeunes hommes.
A son ombre désirée, je me suis assise,
et son fruit est doux à mon palais.
Il m’a menée au cellier,
et la bannière levée sur moi, c’est l’amour.
Soutenez-moi avec des gâteaux de raisin.
Ranimez- moi avec des pommes,
car je suis malade d’amour.
Sa main gauche est sous ma tête
et son bras droit m’étreint.
Je vous en conjure, filles de Jérusalem,
par les gazelles, par les biches des champs,
n’éveillez pas, ne réveillez pas l’amour (le bien aimé),
avant qu’il le désire.
C’est la voix de mon bien-aimé.
Le voici, il vient,
sautant sur les montagnes,
bondissant sur les collines.
Mon bien-aimé est semblable à la gazelle,
au faon des biches.
Voilà qu’il se tient derrière notre muraille,
il regarde par la fenêtre,
il épie par le treillis.
Mon bien-aimé élève la voix,
Il me dit :
« Lève toi, mon amie, ma belle, et viens t’en.
Car voilà l’hiver passé,
la pluie a cessé, elle s’en est allée.
Sur la terre, les fleurs paraissent.
Le temps des chansons est arrivé,
la voix des tourterelles se fait entendre
sur notre terre.
Le figuier forme ses premiers fruits,
les vignes en fleur exhalent leur parfum.
Lève- toi mon amie, ma belle et viens t’en.
Ma colombe, du creux des roches, dans le secret des falaises
montre-moi ton visage,
fais-moi entendre ta voix ;
car ta voix est douce
et charmant ton visage.»
Attrapez-nous les renards, les petits renards
ravageurs de vignes
car notre vigne est en fleur.
Mon bien-aimé est à moi et je suis à lui …
Il fait paître son troupeau parmi les lis.
Avant que souffle la brise du jour
et que s’enfuient les ombres,
reviens … ! Sois semblable mon bien-aimé,
à la gazelle, au faon des biches,
sur les montagnes escarpées.
Texte-Interprétation : Carol Delage
Illustration : Carol Delage