laisse aller ta langue

laisse aller ta langue
avec ses auréoles sombres
avec ses ombres alvéolées
avec ses cavités d’éclairs
avec ses sauvages forêts
avec son flot fou souterrain

laisse
laisse

vole les mots au vol des oiseaux
aux nobles cris des bêtes
à la sève éphémère
et au silex tranchant

ne te soucie pas des incrédules
tu es ton monde dans la profusion des mondes

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écoute

Qu’est-ce qui signe ton écoute ?

Est-ce ton regard absorbé ? Est-ce l’acquiescement d’un hochement de ta tête ? Ton soupir positif délibéré ?
Un peu de tout cela.

Mais surtout, ta présence pleine et entière, quand je sais que tu es là, bien au delà des gestes qui parfois, chez d’autres, ne sont que des réflexes conditionnés et qui disent, malgré un semblant d’empathie, « Vas-y, cause toujours. ! » 

Ta présence que je sens.

Le chant de ton silence. Ton écoute que j’entends.

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introspection

à refaire le chemin
dépaver ma conduite

quelles traces encore à découvrir
sous tous mes pas anciens

dans ce présent
bien solidement campé
scruter le passé
pour sculpter l’avenir

avec la surprise ravie de la hauteur d’un geste
ou la honte réfrénée d’une coupable aventure

il faut donc accepter
et s’accepter entier
ou noir ou blanc
les deux mêlés
ainsi quand on refait son seuil

ce matin
petite neige tendre sur mes soleils d’avant
des larmes et des sourires
rien

je refais le chemin

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Textes : Zakane

Illustration : M Batté Gauthier