Jean-Claude Bourdet nous fait l’honneur de proposer aux Cosaques un poème qui sera publié dans son prochain recueil – aux Editions A L’index – consacré à la peintre Sylvie Basteau.

la toile par multiples sentiers
laisse le regard s’éloigner
les grappes de velours
dérangées par quelque félin, se dispersent
en cris silencieux
À l’horizon doux de collines sauvages
l’infans court entre les folles graminées
le sol chaud de l’ancienne caldera
assemble sans haine la mémoire blessée
des pieds agiles fuyant
l’esclavage
À l’ombre des astres
les arbres parapluie dessinent
des silhouettes fantomatiques

Errant sous les étoiles
un cri déchirant ponctue
la tragédie naturelle qu’aucun Pedro Calderón De la Barca
n’écrira
Que fait donc le vent dans les bulbes
troués par les fourmis
quel air fredonne-t-il chargé de sable saturé
de sueur de peur d’amour
vers quel espoir entraîne-t-il le marcheur
solitaire
quelle eau de vie remplit sa gourde ?
Maîtres de la savane les acacias célestes
songent à l’oracle sacré
d’une mythologie incertaine
mystérieusement surgie
sans tendresse
de temps immémoriaux
narcisse glorieux suspend ton pas
happé par la perspective fuyante
Le sort des épices roule
buissons épineux de chair suspendue
entre les troncs noueux
les souvenirs, comme le pain
se consument
marguerite sans pétales
messie d’orient à dos de chamelle

Extrait du livre La peintre le sait-elle ? de Jean-Claude Bourdet
Accompagné de trois œuvres de Sylvie Basteau
Liminaire de Gilles Jallet

Toile :

Savane
120×120 cm, 2017
Sylvie Basteau, Bordeaux