bruit des oiseaux

LE BRUIT DES OISEAUX

De vos câbles siffleurs, du tambour des machines

J’essaime aux quatre vents la furie des usines

L’asbeste amphibolique a creusé ma tumeur

Et l’anthracite a tué mon pigeon voyageur

 

Les corbeaux et vautours rôdent autour des mines,

Ces éternels vainqueurs que drainent nos famines,

Aux chants des moins subtils, à l’habit de couleur

Sombre et impérieux entaché de douleur.

 

On m’a dit que là-bas on convoitait les ruines

Des éternels glaciers, refuge des hermines

Entends-tu la saignée du scarificateur

Dans les veines souillées, mon oiseau migrateur ?

 

bruit des oiseaux2

READY-MADE POUR UN JOUR SANS INTÉRÊT

Journée de labeur dans la boîte

Qui me fait office de bureau

En face un moniteur gris

Faisant écran avec le réel

 

Dehors

Les oiseaux de Floride

Font les frais

D’avoir parié

Trop vite

Sur le printemps

 

Au moins

Il fait chaud

Dans mon nid

De nigaud

 

tilt

TILT

Année après année

On se bloque, on se bloque

Année après année

On finit par tilter

On débloque

Plein de rêves de conquêtes nous appellent

Lorsqu’en âge de vaincre

Bravant mille périls et cent guerres puériles

Le monde nous appartient pensent les jeunes imbéciles

Un jour, on se retourne, il n’y a plus personne derrière

Alors on capitule

Rentrant souvent chez soi

Fondant une famille ou restant seul parfois

Puis, c’est la lente agonie, les jours qui se ressemblent

On finit par mimer son propre personnage

Les silences remplacent les rires et les paroles futiles

On a ce beau rictus d’hypocrite ou une gueule d’alcoolique

Refuge dans l’artifice, on s’invente des principes

Il faut tenir jusqu’à demain comme s’il y avait des comptes à rendre

À son père, à sa mère partis l’été dernier dans l’autre monde

Année après année

On se bloque, on se bloque

Année après année

On finit par tilter

On débloque

 

Textes/Dernière Illustration : Eric Tessier

Illustrations : deux premières photos/Isabelle Tessier