pour les cosaques - faibles maîtres

Sont de grands forts vents,
mistral ou autres,
ouragans parfois,
ou bien cyclones,
mais surtout le vent du temps.
Ils nous malmènent, pauvrets,
et nous emportent
éperdus ou inconscients.
Souffle sombre ou lumineux
le vent dit de l’histoire,
et sans le savoir,
nous et nos maîtres,
nous sommes sujets
asservis aux intérêts,
pris dans les haines
et les luttes sans pitié,
nous tremblants de ces désirs
qui nous sont souvent dictés,
nous troupeau fouetté
dirigé par l’opinion.
Sont de grands forts vents
qui soufflent sur les espoirs
de ceux qui n’ont rien
et qui croient en un ailleurs,
ou qui n’y croient pas
mais vivre c’est essayer.
Sont de grands forts vents
qui creusent la mer
et ses brutales vallées,
gourmandes gueules,
entraînent et aspirent
les inconscients audacieux
dans le silence.
Depuis le jadis
nous avons appris
à maîtriser le monde,
ou nous l’avons cru.
mais sa beauté entamée,
souffrante, souillée,
persiste, et se venge
avec la douceur ferme
avec la rage
d’une mère qu’a offensé
le minuscule peuple
qui vit par elle.

Texte/Photo : Brigitte Celerier