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Est-il encore question d’écrire ce que l’on veut ou faut-il écrire ce que l’on veut lire ? Plusieurs facteurs influencent profondément l’écriture de ce temps.
D’abord il y a le refus, le rejet de tout écrit qui crée distance au langage parlé. Il faut écrire comme on parle. Toute autre manière est considérée comme passéiste, écriture d’un autre temps. Écrire dans une langue pauvre, n’hésitant pas à troquer le mot existant par truc chose ou machin. Ou stroumpf. C’est impératif. Votre ouvrage est destiné à la masse.
Ecrire non poétique. Choisissez un style violent, usant d’une dynamique agressive, de combat, accordant la place entière à la force, la dureté, une écriture guerrière, qui cogne. La puissance de l’écrit se mesure à cette aune, sa dureté, sa roideur, son fiel. En cela, la littérature reste machiste totalement imbriquée dans un processus de force et de lutte.
Ecrire sur des sujets d’actualité, liés à l’époque. Il y a peu de place pour l’intemporel. On accordera une attention particulière à des ouvrages retraçant une guerre, une situation politique, un domaine de déliquescence sociale, ou la perversité inhérente à certaines configurations familiales ou sociales.
Autres sujets hautement prisés l’horreur ou le thriller, au même titre que pour les films.
Le manuscrit sera lu dans sa perspective affairiste. Tout sensationnalisme en particulier sexuel il faut bien le dire est fortement souhaité car il attire le lectorat comme la mort sur le circuit de Formule 1.
Inutile d’essayer de parler d’écriture dans votre ouvrage, tout le monde s’en fout et personne de ceux qui liront votre travail n’y prêtera garde et même s’en apercevra.
Faites le maximum car personne n’a de temps à perdre avec votre potentialité et si le livre pêche par une ou deux longueurs, une maladresse, ne comptez sur personne pour croire que vous pourriez la corriger. Le choix invraisemblable qui est offert à l’éditeur peut parfaitement lui éviter de s’ennuyer avec un auteur potentiel alors que dans le tas, il va trouver un ouvrage pas plus intéressant mais ne demandant pas de travail.
Etes-vous beau, jeune et photogénique ? Un auteur est destiné à devenir une star. Autant le savoir si vous n’êtes pas Dicker. Un homme d’un certain âge peut éventuellement encore prétendre à une belle maturité. Une femme dans le même cas de figure, c’est une amateure blette.
Sachez aussi d’emblée que certaines maisons d’éditions ont été crées pour que soient publiés les ouvrages du fondateur et de ses amis faire-valoir.
N’attendez plus de réponse. Nombre de maisons vous disent carrément qu’elles n’estiment pas nécessaire de perdre leur temps à vous dire ne serait-ce que non. Certaines n’hésitent pas à vous assurer qu’elles ont déjà fait l’effort de parcourir votre médiocrité et qu’il serait judicieux de ne rien réclamer en retour. D’autres n’hésitent pas à se contenter d’un vague synopsis pour vous répondre que ce n’est pas dans leur ligne. Votre écriture… ? Ben quoi l’écriture ??
Si vous êtes un « écrivain-littéraire » , sachez déjà que vous avez 0,01 % de trouver un éditeur intéressé car le livre est un objet commercial. Point essentiel. Il n’a quasi plus rien à voir avec la littérature.
Appelez-vous George ou Leo. Ou Camille ou Claude… essayez de cacher votre timbre soprano. Ça va mal passer.
Ceci dit je parle pour moi, auteure périmée et sans doute avez-vous une autre expérience.
Texte : Anna Jouy
de tous temps… peut-être davantage maintenant – mais comme de tous temps et peut-être plus facilement maintenant, toujours possible de tenter lecture par un petit groupe hors des trompettes de la renommée (en ne pouvant en vivre bien sûr et avec l’espoir toujours déçu d’être lu au delà… peut-être plus tard)
ça marche aussi pour les poètes déjà morts
encore et toujours ce foutu amalgame entre une publication et la recherche de renommée… peut-on écrire sans être soupçonné-e de le faire pour la gloriole?
conseille-t-on à un peintre de se contenter d’un public ami. à un cuisinier de ne se mettre aux fourneaux que pour sa famille? écrire est-ce mon « loisir honteux… »?
que je sois publiée ou pas, je dois écrire. maintenant ce serait si bon que cette raison d’être ne m’exclut pas du monde et de la société. 😉
ma journée a été vouée à écrire deux poèmes autant dire qu’elle n’a aucun sens… c’est comme ça.
on s’en fout de la renommée, c’est le mot qui compte ❤
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