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Entre prendre. Enlacer de jambes, tricoter le noir avec des compas. Agitation pour ne pas perdre le fil. Exploit de laines et de mailles. Je suis des funestes aragnes à l’entreprise souple de faire dentelle. Je tisse pour l’aube. Salive de mots, agrippe-moi.

Entre prendre. Modeste vannerie des saules, on a tondu mes osiers pour des nasses coupables. Dedans les eaux troubles, les tubercules vrais du cri. Je suis à l’entreprise humide des paniers. Tresse de mots, retiens-moi.

Entre prendre. Tendre le sol de lianes, chemins jardiniers. Babylone Babylone suspendue, grain de pas sur grain de pas! Les croisées carrousels, les espaces flamants, tisser des ailes au parquet. Les tapis volants se dressent au ciel comme des serpents charmés. Je suis à l’entreprise verticale des métiers. Rampe de mots, escalade-moi.

Peu importe l’ébriété dans laquelle mes seins s’endorment, peu importe que cela finisse par toucher un peu de brume au plafond et que je dorme là-haut, assouvie de légèretés et de cigare. Peu importe que je garde entre mes lèvres, un noyau de bonheur qu’on ne peut pas planter sans briser le navire, amande en quarantaine. Peu importe que cela trace sur le lit des marques vagues, des sortes de ride sur le temps qui sème, un reste médusé de lune pleine et que je songe faire dedans un château et des fesses astronomes. Peu importe qu’il y ait des trous d’air, des sorties dépressionnaires où s’immolent des moineaux, comme des trappes souricières où je perds la fin du rêve, même écrire est piètre chasse-clou dans le vivre friable et délicat du songe.

Cet appel intérieur pourtant, procession avec des ronds dans l’eau qui dort. On tire à soi la couverture, un peu ciel tombe douces plumes d’un hasard joyeux. Et débutent les percussions régisseurs de bonheur, d’abattage de mur en mur, de palissades en palissades, des remparts. Cette offre inconnue, un doigt interpelle. Il file la pêche miraculeuse. « Viens petite.. » On s’ébranle un peu, lourd silure des vases communicants au trop long séjour en sables. Se faire dévorer devient un sens à l’ondoiement continuel. Se faire à ces mouches maisons de rivière, à ces danses au moulin. Renoncer encore aux sauts carpés, la vie ici devient si élémentaire. Habituer lentement son être à de nouvelles branchies, là il va falloir respirer hors de l’eau devenir sa propre métaphore, réaliser enfin sa prophétie.

Jouy a-t-on dit… Elle l’écrit.

Texte : Anna Jouy