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je vous dirai peu de choses
ce soir
peu d’eau pour votre outre
quasi rien
pour vos déserts

le mien brûle chacun
de mes pas
y consume l’âme
des fantômes
la trace des
retours

mais je vous le dirai
avec cette tendresse particulière
des amis par défaut de
tant de choses
imbues
et imbrûlées

*

vous conviendrez qu’il n’est pas
tôt assez
– vous votre soif –
et que la chair est chahutée
au bleu d’un signe
intense comme né d’un miracle
que nos corps pétrissent
l’attente
que luisent vos mots
latents
aux lèvres d’un retour
avec moi, j’en suis sûre
vous signerez l’aube
au bas de ses prés gris
pris dans les rets d’un gage :
chérir la sauvagerie des souffles
peins dans l’interne
paysage
où siège l’infant

donnons-nous le temps
de nos merveilles
le mystère vous supplie d’abdiquer
ce qu’amour
insolemment
soutire à sa beauté

*

je fus la femme spectre
tissée d’esprit et de sagesse
lorsqu’en vos mains
je me sus matière
emplie de sens et de folie

tout à l’inverse votre corps
vainement utile
rougeoya  comme
l’œuf incandescent
des origines
contre ma peau
réfléchissant le mystère de vos limites
et de nos éternités
embrassées

*

vous prierais-je assez
vous que je réclame
tout en fuyant

mon seul désir
sous l’écorce
brame :

prenez de ce corps
le prime effroi
la décalcomanie des manques
contre les murs
de mon amour
encore tremblant

prenez l’attente
dressée pour l’hôte que vous fûtes
et que le vaste
éteint
car tout entière
je me dissous
dans les marges
du verbe

puisque le fruit fait l’arbre
prenez et
mangez-moi
toute
de joie et de perdition
consumée

 

Texte : Florence Noël
Image :  Héloïse d’Argenteuil, par Edward Henry Corbould (1850)