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Martine Cros autoportrait

je sangle le fil
de ma pensée à ta rive
m’élance au delà
des bogues rosées à
fleurir dans ta blancheur
dans le coquillage échoué
du hasard tu nacres et
je perle

la vie est hors de moi
marche à peine sur son fard
plus ou moins
sans ivresse sans désir _
tous _ les désirs _ ont été jetés
aux charniers _ défaits de leur consistance _
amassés tous _ les désirs _ un à un retirés
aux enfants aux femmes aimées aux larmes et
à toutes les fleurs qui bordaient leur chemin _
seule ta chute en moi rescapée m’a redonné
la force de plonger _ dans la fosse _ rassembler les os
les yeux exorbités les mâchoires bées les coeurs broyés
j’ai tout pris dans mes bras tous les désirs
qui criaient là _
longue chute de toi et mon vertige
un nous qui me donne un toit
libre et un désert pour pétrir
les dunes et un port apaisant
poésie tu me chutes
je veux sonder ta chair profonde
que j’inventerai ancrée te prendre par derrière
la syllabe dans l’orée des couleurs
du désir _ ombre lavée _ rouge ouvert _
je m’emplis de toi _ plisse soupir _
le doute se déplie tu me plais
tu me fais attendre à genou tu as peur
comme quand j’écris je me perds ainsi en ce nôtre
autre nous qui se noue et nous ôte
au creu du temps qu’enfle le clos de nos yeux
au creu cambre de nos reins amoureux
j’aime dire tout bas sans que tu entendes
le pluriel de désir
inventer les rimes de mes ivresses
mais quand saurai-je parler
pour que seulement tu me voies
oublier tous les aparte
que tiennent dieux et soldats
contre le cri des pas
que nous faisons vers l’autre
dans ce cri je t’appelle Vent _
Hanche _ Cîme _ Allongement
de mon centre sur
le sable des siècles
dans ta crique obsidienne
_ je te demanderai si l’eau d’automne est bonne
tu sortiras trempée de songes et de flots
t’allonges sur mon dos fraîche comme un
printemps
pardonne sable je te trahis d’emblée
car dans mon dos tremble l’infini
tout en chair longeant là mon échine
qui n’était que fardeau
jusqu’à _ Beauté _ ton arrimage intime
ta main ta main marine m’arrime
comme jamais
à cet entre de nous
où je naîtrai
abondance
de désirs _ si femme
si

Texte et peinture : Martine Cros.
Elle est la bienvenue entre les Cosaques ! Née en 1963 à Berlin, Martine Cros a grandi entre Nancy, Béziers et sa ville natale ; elle a suivi des études d’assistante de service social à Metz, et travaille depuis 1986 à Dijon au Centre Hospitalier Universitaire. En reconversion professionnelle actuellement.
Elle écrit et peint depuis l’enfance, fréquente l’atelier d’arts plastiques de Christine Delbecq pendant dix ans; en 2010 elle crée un blog-atelier d’écriture poétique et de peinture: http://allerauxessentiels.over-blog.com/
Bien en accord harmonique avec le poète Jean-Pierre Duprey qui avait du mal à se définir dans une biographie, elle estime que sa vie est entièrement et de source sûre dans ce qu’elle écrit.